3 enseignements majeurs de notre enquête auprès des collectionneurs et 7 études de cas réels pour expliquer les facteurs qui déterminent le coût d’utilisation d’une voiture plaisir.
Faites l’essai de chercher « coût utilisation voiture collection » sur un moteur de recherche ! Autant vous trouverez quantité de littérature sérieuse concernant les véhicules neufs, du fameux PRK de l’Argus aux analyses détaillées des sociétés de leasing ou des revues spécialisées. Autant concernant les automobiles de collection, l’approche se révèle en générale très sommaire, les magazines spécialisés se contentant de lister le coût de quelques pièces de rechanges et les périodicités d’entretien.
Comment définir le coût d’utilisation d’une voiture plaisir ?
C’est à l’appui de dossiers réels de véhicules de différentes catégories sur lesquels nous avons pu intervenir que nous avons constitué cet article. Il ne prétend pas être une vérité scientifique, mais plus une approche factuelle pour démystifier un sujet en général plutôt tabou.
Contrairement à la voiture neuve qui ne s’use que lorsque l’on s’en sert, la voiture de collection ou voiture plaisir tend à s’user d’autant plus qu’on ne la sort pas. Il suffit de lire les descriptifs de travaux réalisés fraîchement pour des remises en route dans les descriptifs d’annonces pour s’en convaincre. « Réservoirs démontés et rénovés », «Etriers de freins reconditionnés », et le classique « Pneus et batterie neufs » sont autant de formules qui en disent en général long sur l’état d’inactivité d’une auto.
Pour définir le coût d’utilisation nous avons retenu l’ensemble des dépenses relatives à l’entretien, le carburant, l’assurance, l’achat de pièces ou accessoires divers. Pour le carburant il s’agit d’une estimation sur la base de la consommation moyenne observée par le propriétaire et du prix moyen du SP98 sur la période observée. Les gros travaux mécaniques sont également inclus dans nos calculs. Les travaux de carrosserie sont exclus car nous n’avons pas considéré de véhicules remis en état donc avec un impact fort sur la valeur de revente.
Pour établir le coût d’utilisation au kilomètre, nous avons donc divisé la somme des dépenses, plus la différence entre le prix d’achat et le prix de revente, par le nombre de kilomètres effectués sur l’ensemble de la durée considérée. Nous avons donc in fine une valeur qui peut d’une certaine façon se comparer avec le prix de revient kilométrique (PRK) établi par les professionnels de l’automobile sur les véhicules neufs.
Premier enseignement : évaluez bien votre projet et son coût global dans la durée.
Très souvent le projet d’acquisition d’une belle automobile se limite à définir un budget d’achat, regarder le montant de l’assurance et se rassurer avec le prix de quelques pièces de rechange en lisant les revues spécialisées. Pour bien acheter il est pourtant nécessaire d’envisager le projet dans la durée, en se projetant dans le futur. Et pour cela estimer une durée de conservation et un kilométrage total à réaliser.
Pour un budget d’achat de 30 000 € par exemple, vous pouvez avoir des autos dont les coûts d’utilisation seront très différents sur une durée future de 5 ans et 15000 km par exemple. Et ceci est encore vrai pour le même modèle, entre deux autos dont l’historique et l’état sont différents, avec un prix d’achat assez proche, vous pouvez avoir des différences considérables dans le coût d’utilisation.
Contrairement aux autos récentes pour lesquelles le PRK est assez corrélé avec la valeur à neuf du modèle, en collection les choses sont moins claires. Pourquoi ? Parce que les principaux facteurs qui vont affecter le coût d’utilisation d’une voiture de collection seront le kilométrage parcouru et l’état initial de l’automobile. Et bien entendu l’état qui n’est pas standard. Vous roulerez de façon très économique en achetant un modèle parfaitement restauré et fonctionnel, et en le gardant assez longtemps pour que sa cote s’apprécie. Vous roulerez de façon beaucoup moins économique avec un modèle acheté cher, parce que très demandé à ce moment-là, mais en état moyen et dont la cote stagnera ou régressera.
A prendre en compte aussi les tarifs d’assurance qui peuvent sur le long terme avoir un impact non négligeable. Pour une auto de collection, une bonne assurance avec vol coûtera moins de 300 € / an. Pour une GT contemporaine où le tous risques s’impose, il faut tabler sur 600 à 700 € / an (bonus 50%). Mais souvent les collectionneurs ne pensent pas à mettre en concurrence ce poste, et nous constatons bien souvent des écarts de 1 à 2 pour des produits d’assurance et profils d’assurés équivalents. C’est pourquoi nous proposons à nos client un appel d’offre assurance auprès de 3 courtiers et compagnies différentes.
Ainsi le coût d’utilisation au km réel d’une voiture de collection peut aller de 0 € / km dans le meilleur des cas (il y a même des autos qui vous font gagner un peu d’argent, tous frais déduits…) à plus d’1,50 €/km. Nos études de cas plus bas l’illustrent parfaitement.
Deuxième enseignement : planifier vos dépenses en fonction du kilométrage parcouru.
Ici encore l’analyse des dossiers réels révèle ce que le bon sens aurait fort bien prédit. Trop souvent une auto approximative est acquise. Il s’en suit nombre de dépenses qui ne relèvent pas de l’entretien mais de la remise à niveau. Et lorsqu’en plus la voiture roule peu, ces dépenses ne s’amortissent jamais, ce qui au final fait rapidement monter le coût d’utilisation au kilomètre jusqu’au jour où le propriétaire décide de s’en séparer. Sur ce type d’autos, lorsque l’erreur est commise, il est parfois salutaire de revendre rapidement en limitant la perte de valeur, plutôt que de s’entêter à tout remettre à niveau pour un coût qui dépassera très certainement la cote de l’auto.
Là encore ce n’est pas une question de marque ou de modèle, mais de qualité du produit. Il n’est pas rare de constater des coûts d’utilisation au kilomètre entre 1 et 1,50 €, ce qui est bien excessif pour un véhicule plaisir destiné à rouler modérément. De façon générale il est préférable de ne pas faire certaines dépenses lourdes si l’on envisage de se séparer du véhicule dans les 2-3 ans qui viennent. Sauf à rouler réellement beaucoup pour amortir les dépenses.
Troisième enseignement : vendez avant que votre coût d’utilisation ne s’envole.
Cette affirmation pourrait surprendre. Elle ne nous étonne plus tant il est évident que les voitures de collection subissent un cycle d’utilisation en général proche d’un collectionneur à un autre.
Pour faire simple, le nombre de kilomètres parcouru tend à diminuer chaque année. Il est fréquent de constater que 50% du kilométrage se fait les 3 premières années. Ensuite c’est la plongée, d’autant plus que la durée de conservation est longue. Pourquoi ? Souvent les collectionneurs achètent d’autres voitures et se détournent temporairement de la bien aimée. Ensuite l’usage parfois contraignant ramène à la réalité. Ce roadster anglais est très sympa par beau temps, mais en cas de météo moyenne on préférera prendre le coupé allemand pour un weekend automnal et éviter que le chien ne s’enrhume.
D’autre part les dépenses majeures sont en générales faites les 2 premières années car c’est le moment où le nouveau possesseur voudra que l’auto soit au top de sa forme. Et c’est bien là que vont se creuser les écarts de coût d’utilisation. Suivre d’année en année son coût d’utilisation, et l’ajuster en fonction de la cote actuelle du modèle, permet de faire l’arbitrage de vente au bon moment.
L’analyse de cas réels de véhicules de collection et de sportives récentes démontre qu’il est tout à fait possible de rouler plaisir à condition de regarder aussi son auto comme un actif. Et cela pour un coût d’utilisation au kilomètre plutôt moindre que celui d’un véhicule familial moderne. Si cette approche rationnelle et chiffrée n’est pas dans la culture des collectionneurs automobiles, c’est que l’affectif doit garder bien sûr une place de choix. Pour autant, acheter seulement sur un coup de cœur ne fait pas toujours un bon coup de poker. Et le jeu mérite bien d’approfondir l’analyse avant d’investir tout ou partie de ses économies !
A lire nos analyses objectives et sans filtre de la réalité des coûts d’utilisation en collection, à travers différents cas réels.
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PARJADIS Didier (dimanche, 05 novembre 2017 17:29)
Bonjour Alexandre,
Cet article est très intéressant.
Juste une question : le coût du parking, qui devient exorbitant pour qui ne possède pas une maison avec un garage suffisamment grand pour y entreposer ses voitures, ne figure pas dans ta liste .
Certs il ne dépend pratiquement pas du modèle mais il représente une charge fixe que tout collectionneur se doit de prendre en compte si il veut réellement évaluer sa plus value réelle en cas de revente.
Qu'en penses tu?
Cordialement
Didier
Sylvain G (jeudi, 16 novembre 2017 19:35)
Super article bien renseigné. Merci !
Vieux Rebelle (lundi, 19 février 2018 16:10)
Encore une très bonne analyse. Car c'est bien vrai que le maximum de voitures à faire rouler pour qu'elles restent en bonne forme est généralement de 2 ou 3 grand maximum. En posséder plus, c'est passer son temps à remplacer des pièces oxidées qui, par conséquent , s'usent prématurément quand on se décide à sortir le véhicule, sans parler des caoutchoucs et durites. Deux véhicules plaisir c'est bien assez à mon goût . Quant au coût d'utilisation, chacun sait qu'une voiture de collection consomme plus que les bagnoles actuelles. En assurance tout dépend de ce que l'on veut mais j'en suis à la moitié d'un actuel. Pour le reste, il vaut mieux être bon bricoleur et même bon mécano, le portefeuille s'en trouve soulagé et le passe-temps tout trouvé. Sans compter la fierté du résultat. ...Tout s'apprend !
Guirao Alexandre (lundi, 19 février 2018 16:18)
Je n'ai pas pris en compte les frais de parking pour la simple raison que pour un propriétaire de maison, en général la solution de parking existe, et quand on doit louer les tarifs sont variables d'une ville à l'autre (sur une fourchette de 50 €/mois dans une ville moyenne à 200 € en plein Paris..).
Devaux martial (mardi, 09 novembre 2021 11:33)
Bonjour,
Je suis à la veille d’acheter une Jaguar MK2 de 1960 3.8 litres de cylindrée pour un coût de 37000€.
La voiture me parait être en bon état.
J acheté chez un pro.
Malgré tous les renseignements pris ,pouvez vous me donner un avis sur cette voiture.svp.merci